Objet à la loupe

Le train mili­taire fran­çais de Ber­lin

Waggon peint en bleu et gris avec deux tricolores et l'abréviation TMFB.
La voiture d’escorte du TMFB, le train militaire français de Berlin, sur l’aire extérieure du Musée des Alliés, AlliiertenMuseum/Eberle&Eisfeld Fotografie

Le wagon du train militaire français de Berlin sur l’aire extérieure du Musée des Alliés effectue son dernier voyage le 26 août 1994 au soir. Non pas sur les rails, mais sur le plateau d’un transporteur de charge lourde : de la gare française de Berlin-Tegel, dans l’ancien secteur français, via l’autoroute et l’Avus jusqu’au nouveau musée en construction. Il y rappelle depuis un chapitre méconnu de l’histoire de la guerre froide : les trains militaires des puissances occidentales.

Affiche montrant l’itinéraire du TMFB à travers la RDA et la RFA, années 1980, AlliiertenMuseum
Règles de comportement à observer à bord du train militaire français, années 1980, AlliiertenMuseum
Dépliant indiquant les horaires de départ et d’arrivée du train militaire français, années 1980, AlliiertenMuseum
Laissez-passer autorisant le voyage en train militaire français, 1959, AlliiertenMuseum
La gare française à Berlin-Tegel dans le secteur français, années 1950, AlliiertenMuseum

un sys­tème d’al­erte pré­coce dans la guerre froi­de

Le 10 septembre 1945, les quatre puissances victorieuses réunies au Conseil de contrôle allié décident que les puissances occidentales pourront faire circuler au maximum 16 trains quotidiens entre Berlin et les zones d’occupation occidentales. Ces trains militaires servent au transport de marchandises et de voyageurs. Pendant près de cinq décennies, ils traversent la zone d’occupation soviétique et future RDA via Potsdam – Marienborn – Helmstedt. Sur ces près de 200 km, les trains alliés ne sont pas tractés par leurs propres locomotives, mais par celles de la Deutsche Reichsbahn, une entreprise d’État de la RDA.

Le moment fort du voyage est l’arrêt à Marienborn. C’est là que s’effectue le contrôle frontalier, à l’aller comme au retour. L’armée soviétique vérifie les laissez-passer présentés par le commandant du train allié et les compare avec les listes de passagers. L’armée y procède à l’extérieur du train – dans lequel le personnel soviétique n’est pas autorisé à pénétrer. Les passagers sont des membres des forces armées alliées déployées à Berlin-Ouest ainsi que leurs familles et amis. Les Allemands n’y ont accès que durant les deux premières années. Depuis 1961 au plus tard, les portes des wagons sont rigoureusement fermées de l’intérieur avec des dispositifs spéciaux, afin d’empêcher que des Allemands de l’Est cherchant à fuir puissent monter à bord.

Malgré les accords de septembre 1945, les tensions politiques croissantes entre les Alliés occidentaux et l’Union soviétique entraînent aussi des entraves au libre accès à et depuis Berlin. Jusqu’à ce que le blocus soviétique de Berlin paralyse totalement le trafic ferroviaire le 24 juin 1948. En dépit de tous les signes avant-coureurs, le blocus prend les puissances occidentales au dépourvu et les amènent à décider de mieux se prémunir à l’avenir.

Après la levée du blocus et la reprise du trafic berlinois en mai 1949, les puissances occidentales assignent une fonction de système d’alerte précoce à leurs trains militaires : parce qu’ils traversent tous les jours la zone d’influence soviétique, le déroulement du contrôle frontalier ou les obstacles sur le trajet permettent de détecter d’éventuelles complications politiques. Chaque petit incident est transmis par radio aux quartiers généraux des puissances occidentales à Berlin. Les Alliés occidentaux se servent par ailleurs des trains militaires pour s’assurer que l’Union soviétique reste liée par la responsabilité quadripartite envers Berlin et l’Allemagne. Les passagers des trains militaires ignorent généralement le caractère politiquement sensible de leur voyage.

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